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Le goût des Romains pour les pratiques thermales est bien connu, par les textes anciens comme par l’archéologie. Les eaux des Pyrénées ne pouvaient donc pas les laisser indifférents. Dans sa description très succincte des richesses pyrénéennes, le géographe grec Strabon vantait déjà la qualité des eaux des Onesii, sources chaudes identifiées comme celles de Luchon. La date du texte (premier quart du Ier siècle de notre ère) témoigne de la précocité de leur utilisation. L’observation de Strabon peut même s’entendre comme une allusion à une exploitation pré-romaine, par les Onesii, habitants de la région de Luchon, des bienfaits du thermalisme. Une activité pré-romaine Une preuve indirecte du phénomène peut être tirée de la divinisation de la source, dont le nom Ilixo a donné le toponyme de Luchon. Certes, les inscriptions votives des fidèles guéris par les eaux miraculeuses sont des inscriptions latines des premiers siècles de notre ère, mais le nom d’Ilixo appartient à la langue aquitaine, antérieure au celte et au latin dans la région, et la divinité éponyme de la source appartenait donc au panthéon des anciens dieux pyrénéens, ce qui laisse imaginer que les vertus divines attribuées aux eaux chaudes de Luchon remontaient à une époque antérieure à la présence des Celtes et des Romains. Époque romaine À l’époque romaine, les eaux thermales de Luchon furent largement utilisées. Lors de la construction des thermes actuels, entre 1848 et 1855, des vestiges des installations antiques furent mis au jour, comme des éléments de captage et des bassins, mais il n’en reste que les croquis sommaires relevés à l’époque par l’architecte E. Chambert (01). Peut-être ces établissements présentaient-ils quelques traits communs avec les thermes classiques installés dans les grands centres urbains, qui étaient particulièrement prisés (02). |
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Plusieurs dédicaces aux Nymphes
(03)
et à la divinité topique Ilixo, découvertes
dans les mêmes circonstances, illustrent la foi des fidèles
venus se faire soigner par les eaux bienfaisantes aux propriétés
divines. Certains venaient de loin, comme Manutia Sacra, originaire
de la région de Rodez, ou Cassia Touta, la Ségusiave
(04)
venue de la région de Lyon. Quelques établissements thermaux D’autres établissements ont pu être en activité durant la période romaine, mais il ne faut pas imaginer systématiquement des thermes antiques derrière les stations contemporaines, même si les nécessités publicitaires ou la passion régionaliste ont souvent fait franchir le pas à des chercheurs insuffisamment scrupuleux. Seules, les stations d’Artiès et de Lez, dans le Val d’Aran, ont fourni quelques traces archéologiques remontant à l’Antiquité, ainsi que, peut-être, mais de façon beaucoup plus hypothétique, le village de Labarthe-de-Rivière. Quant aux bourgades d’Aquae Conuenarum (Eaux-des-Convènes) et de Vicus Aquensis (Bourg-les-Eaux), connues par les textes anciens ou les inscriptions, elles sont à identifier avec Capvern-les-Bains et Bagnères-de-Bigorre, cette dernière station ayant, comme Luchon, fourni des traces d’installations balnéaires antiques et des inscriptions lors de la construction des thermes actuels. Un épigramme du poète grec Crinagoras de Mitylène vantait la qualité d’une station pyrénéenne dans laquelle l’empereur Auguste, malade, s’était arrêté à son retour des guerres cantabriques, en 24 avant notre ère. Bien des stations thermales se sont disputé l’honneur d’avoir accueilli et guéri l’empereur, mais une étude serrée des textes et des données disponibles montre que l’empereur revint à Rome en longeant le sud des Pyrénées et c’est donc dans le piémont espagnol qu’il faut chercher le lieu de repos du premier empereur romain. |
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