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Carte de localisation des sanctuaires Carte

Le phénomène religieux dans ce que les Romains appelaient les Trois Gaules est caractérisé, pour la période antique, par une plus ou moins lente évolution des religions pré-romaines au contact des religions méditerranéennes, apportées par la présence romaine. Le haut bassin de la Garonne n’a pas échappé à ce schéma.

Le panthéon pyrénéen
Le panthéon pyrénéen pré-romain paraît avoir été constitué par une multitude de divinités locales, dont le culte ne s’était diffusé que dans un espace très restreint.

Nom de la divinité
        Localisation attestée
Erge   
   Montsérié
Sutugius   
   Saint-Plancard
Leheren   
   Ardiège
Artahe   
   Saint-Pé-d’Ardet
Erriape   
   Saint-Béat
Ilixo   
   Luchon
Ageio   
   Les Baronnies
Abellio       Saint-Aventin, Billère et Garin dans la vallée de Larboust.
   Boutx et dans le Bavarthès près de Saint-Béat.
   Cardeilhac, Aulon et Fabas au débouché de la vallée de la   Garonne.

On le voit, rares sont les divinités qui, comme le dieu Abellio (01), ont dépassé les limites de la micro-région. Il faut interpréter cette dispersion comme une manifestation de l’émiettement des communautés montagnardes primitives, qui avaient chacune leur divinité protectrice.



Patère et vase à libation
02






Formule de dédicace
03




Autel dédié au dieu Leheren
04

Autel dédié au dieu Mars Leheren
05



Autel dédié au dieu Six Arbres
06









*Cliquez sur les images pour les agrandir



L’étude des dédicaces

Ce panthéon multiple et foisonnant ne nous est connu que par les inscriptions latines des premiers siècles de notre ère, donc à une époque où il avait déjà subi les influences de la culture religieuse méditerranéenne. Le support de ces inscriptions est ainsi le plus souvent l’autel votif, à l’origine symbole et souvenir d’un sacrifice offert par le fidèle à la divinité. Ces autels, sur les faces latérales desquels sont souvent représentés les symboles du sacrifice - la patera (assiette) ou le praefericulum (plat avec manche) et le guttus (vase à libation) (02), finirent par devenir en eux-mêmes l’offrande à la divinité, remplaçant le sacrifice qu’à l’origine ils commémoraient.

La langue utilisée par les fidèles dans ces dédicaces est le latin, et la plupart d’entre elles se terminent par la formule classique de la dévotion romaine : V(otum) S(olvit) L(ibens) M(erito) (03), « (le fidèle) s’est acquité de son vœu de bon gré en reconnaissance du bienfait (divin) ».
Si les dieux conservaient leur nom primitif, emprunté à la langue aquitaine, pré-celtique et pré-romaine, la manifestation de piété était donc, cependant, marquée des traits de la culture latine.

Des anciens dieux aux nouveaux
La personnalité divine s’en trouvait à la longue affectée. Ainsi, dans le sanctuaire d’Ardiège, cohabitaient des dédicaces au dieu Leheren (04), à Mars Leheren (05), à Leheren Mars et à Mars tout court, preuve d’une lente contamination entre la divinité locale Leheren, dont le culte n’est attesté que dans ce petit sanctuaire, et le dieu romain Mars. Ce dernier y perdait sans doute la valeur de dieu exclusivement guerrier qui était la sienne dans le panthéon romain, mais il modifiait à l’évidence la nature du Leheren primitif, qui prenait par sa nouvelle acception un caractère plus universel, rapprochant la petite communauté locale de la grande communauté impériale aux dimensions de la Méditerranée. La petite société pyrénéenne avait évolué au gré des contacts et des échanges avec le monde méditerranéen, et la divinité avait suivi le mouvement, elle n’était plus ni Mars ni Leheren.

Ces évolutions sont parfois plus sensibles. Ainsi, les dieux arbres Fagus (Hêtre) ou Sex Arbores (Six-Arbres) (06) eurent-ils leur nom originel, aquitain, traduit en latin. Ageio, dieu des Baronnies pré-romaines, devint le dieu du pagus et des métallurgistes, dont l’activité s’intensifia avec la présence romaine. Erriapus, génie de la montagne près de Saint-Béat, devint protecteur des marbriers quand l’exploitation du marbre se développa.
Il faut aussi penser que derrière le Jupiter Très Bon et Très Grand, honoré par les fidèles d’un pagus Collaies ou Oollaies
(Autel 05), qui correspond sans doute à la vallée d’Oueil, se cache peut-être une divinité primitive, à l’évolution plus avancée. De la même façon, les Nymphes, destinataires des dévotions d’adeptes des eaux thermales de Luchon, devaient, aux yeux de ces fidèles, présenter bien des parentés avec Ilixo, honorée au même endroit et pour les mêmes raisons sous son nom primitif de divinité de la source chaude.

Les sanctuaires
Plusieurs sanctuaires à ces divinités ont été découverts, les uns sur le site de bourgades actuelles comme Ardiège, probable lointaine héritière d’un habitat antique, d’autres en altitude, comme celui du mont Sacon. Ces sanctuaires témoignent plus de la sacralisation des activités quotidiennes que d’une divinisation de la nature. Ainsi, les sanctuaires d’altitude sont-ils plus vraisemblablement la protection de limites de territoire ou de parcours de transhumance que la sacralisation du sommet en lui-même.


Université Toulouse-le-Mirail "Pyrénées antiques"
Tel : 05 34 40 00 41 - Fax : 05 34 40 00 40
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