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La diffusion de la construction en pierre constitue sans aucun doute un des changements les plus significatifs et les plus visibles parmi les mutations qu’apporta la présence romaine dans la partie occidentale de l’empire. Les matériaux du décor architectural, et notamment le marbre, devinrent dès lors des produits recherchés, dont le commerce s’intensifia à l’échelle du bassin méditerranéen, et de nouvelles carrières s’ouvrirent dans des contrées qui n’avaient jusque-là connu aucune activité extractive. Le bassin de la Garonne et ses vallées se prêtaient particulièrement bien à ce type d’installation. Les zones marbrières sont, en effet, facilement accessibles par ces axes naturels de pénétration et la présence des cours d’eau offrait une voie de transport commode pour les matériaux (01). Au sud de la faille nord-pyrénéenne, où s’est produit le métamorphisme marbrier, se rencontrent principalement les griottes, rouges, roses ou vertes, de Marignac de Sost et de Signac. Au centre même de la zone métamorphique se rencontrent les marbres blancs ou gris ainsi que les brèches, dont les mieux connus et les plus exploités sont ceux de la région Saint-Béat/Marignac (02). L’exploitation antique L’exploitation antique de ces richesses commença très tôt, peut-être dès les premiers temps de la présence romaine. La première attestation connue de leur utilisation est le célèbre trophée de Saint-Bertrand-de-Comminges, groupe de statues commémorant la victoire des armées impériales dans l’ouest de la chaîne pyrénéenne. Des études récentes ont montré que le marbre blanc de ces pièces, exécutées dans la deuxième décennie avant notre ère, était issu de la carrière du Château, près de Saint-Béat, sur la rive droite de la Garonne (03). Quatre siècles plus tard, les carrières de Saint-Béat fonctionnaient toujours, comme en témoignent les sarcophages historiés (04) découverts près de l’église Saint-Just de Valcabrère, sculptés sans doute à la charnière des IIIe et IVe siècles de notre ère et le chapiteau tardif (VIe siècle ?) découvert dans un remblai à Saint-Bertrand-de-Comminges (05). |
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Les vestiges
d’exploitation Des carrières antiques, il ne reste que peu de vestiges, les exploitations successives, aux époques moderne puis contemporaine, détruisant, par leur progression, les fronts de taille antiques. En 1946 avait été découvert, dans la carrière de Rapp, près de Saint-Béat, sur la rive gauche de la Garonne, un sanctuaire dont le lien avec l’activité extractive ne laissait aucun doute, comme en témoignent les dédicaces offertes par les carriers (marmorarii) (06). Plusieurs marmorarii (carriers) y exposaient leur piété à une divinité locale, Erriapus, protectrice de la montagne et de l’exploitation qui en avait ouvert les flancs. Si, près de Saint-Béat, l’ensemble de Rapp, la carrière du Château et la célèbre « brèche des Romains » portent d’indéniables traces d’exploitation antique, il ne faut pas pour autant imaginer un précédent d’époque romaine à toute exploitation contemporaine. Il faut se contenter d’identifier comme antiques les carrières qui, comme celles de Rapp, ont offert des témoignages archéologiques ou épigraphiques sûrs, ou celles dont les productions ont été retrouvées dans des contextes archéologiques bien datés, comme la carrière du Château, d’où est issu le célèbre trophée. Malheureusement, malgré les progrès des techniques d’analyses scientifiques de pointe, il n’existe pour l’heure aucune méthode d’identification infaillible, qui permette de rattacher un objet en marbre trouvé sur un site archéologique à sa carrière d’origine. La diffusion Malgré ces incertitudes, plusieurs pièces en marbre de la Garonne ont été reconnues dans les villes romaines de la région, Lugdunum, bien sûr, l’actuel Saint-Bertrand-de-Comminges, qui n’est distant que d’une quinzaine de kilomètres, mais aussi Tolosa (Toulouse), Narbo (Narbonne), Barcino (Barcelone), Caesaraugusta (Saragosse), témoins d’un commerce plus lointain et même transpyrénéen. Le marbre de la Garonne, qui se retrouve aussi dans les grandes demeures rurales comme Montmaurin, Chiragan ou d’autres villae du Sud-Ouest, ne fut cependant pas un marbre d’exportation méditerranéenne, à la différence du marbre noir et blanc d’Aubert, près de Moulis, dans le bassin du Salat, qui, lui, est attesté en Italie du Nord, à Rome et à Constantinople. Les marbres blancs, gris ou colorés de la Garonne paraissent avoir été des produits de substitution, utilisés régionalement par les aristocraties locales, pour lesquelles l’accès aux marbres de prestige, orientaux, grecs, égyptiens ou africains, était sans doute plus difficile. |
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