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César, dans son récit de la guerre des Gaules, et le géographe grec Strabon rappelaient que les Aquitains, qui étaient séparés des Celtes par la Garonne, constituaient une série de peuples totalement à part, tant par leur langue que par leur apparence physique. Ils reprenaient là des observations déjà faites, au début du Ier siècle avant notre ère, par le voyageur grec romanisé Posidonius, qui avait noté que les Aquitains ressemblaient plus aux Ibères qu’aux Celtes. Ni celte, ni latin… De ces particularités subsistent des traces dans les inscriptions latines des premiers siècles de notre ère. Épitaphes ou inscriptions votives aux divinités révèlent en effet des noms d’hommes ou des noms de dieux à la consonance étrange, qui n’ont aucun rapport avec le latin ou le celte et ne sont visiblement pas des éléments d’une langue indo-européenne. On recense ainsi : - des noms de divinités comme : Erge, Aherbelste, Xuban (01) - des noms d’hommes comme : Ombecco, Sembetten, Bihoscin (02 ; 03) - et de femmes comme : Hautense, Neuresen, Edunxe. Les linguistes ont souligné les rapports que certaines racines de ces noms divins ou humains entretenaient avec des racines du basque contemporain. Ainsi, à titre d’exemple, le nom féminin Andere des inscriptions antiques se retrouve-t-il aujourd’hui dans le nom commun basque andera/andere, qui signifie « femme/jeune fille ». De même, dans le nom masculin antique Sembetten, se distingue la racine *semb-, identique à celle du mot seme, « fils » en basque moderne (03). Langue originale, dont les inscriptions montrent qu’elle était, comme le basque actuel, parlée de part et d’autre des Pyrénées, la langue des Aquitains avait fait quelques emprunts à l’ibère, comme le terme bels, qui signifie « noir », et que l’on retrouve dans les noms Harbelex ou Belexcon. Des métissages ponctuels se sont produits également avec le celte, ainsi le nom Dannorix, à la terminaison typiquement celtique, comporte une racine *dan-, que l’on rencontre dans plusieurs noms proprement aquitains. Influencés par les Ibères et les Celtes, avec qui ils eurent des échanges de toutes sortes, pacifiques ou violents, les Aquitains s’étaient aussi, dans les premiers siècles de notre ère, latinisés. La maladresse avec laquelle leur langue s’adapte aux déclinaisons latines témoigne de la difficulté du contact entre langue indo-européenne et langue non indo-européenne. Ainsi le datif du dieu Ageio est-il tantôt Ageioni (troisième déclinaison) tantôt Ageio (deuxième déclinaison d’un dieu qui serait alors Ageius). Certains noms, comme Xuban, paraissent être restés invariables et d’autres avoir connu diverses formes comme Baicorrixo, Buaicorixe, Baigorisco, Baigorixo. Il faut donc imaginer le monde aquitain d’époque romaine comme un melting pot, un lieu de métissage entre : • une population autochtone, qui avait partiellement conservé ses traditions religieuses, sa langue et son onomastique, • des Celtes et Latins, qui avaient apporté cadres nouveaux et cultures différentes. |
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L’onomastique Cette dédicace à Jupiter Très Bon et Très Grand, dieu romain par excellence, illustre particulièrement bien ce mixage des populations et des cultures : Titullus au nom latin, est le fils de Cintugnatos personnage au nom celtique caractéristique et de sa compagne Edunxe, au nom tout aussi révélateur d’une origine aquitaine. (04) Ne subsistent pour nous de la langue aquitaine que les noms d’hommes et de dieux dans les inscriptions latines. Cette permanence de la culture religieuse et de l’onomastique chez la fraction la plus latinisée de la population, celle qui recourait au support épigraphique et écrivait en latin, laisse imaginer qu’une fraction plus importante des Aquitains avait conservé sa langue et ses traditions, même marquées de métissages avec les nouvelles cultures. La toponymie Une trace de cette longue vie de la culture aquitaine est à trouver dans la toponymie . Les noms de lieux (villages, hameaux, lieux-dits) à la terminaison en *os, comme Huos, Fos, Arlos sont considérés par les linguistes comme des vestiges de la toponymie aquitaine et leur répartition, dense dans la vallée de la Garonne, s’étend, vers l’Est, jusqu’à la limite entre Couserans et Pays de Foix, actuelle limite entre gascon et languedocien. C’est peut-être à la même origine qu’il faut rattacher les toponymes en *ein, et notamment en *chein, caractéristiques du haut bassin occidental du Salat. (Carte 05) |
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