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’exploitation du fer
Carte de localisation des hautes BaronniesCarte

La redécouverte, sous le crépi de l’église d’Asque dans les Baronnies, d’une dédicace offerte à la divinité indigène Ageio par des fidèles qui se dénommaient Pagani ferrarienses (« habitants du district des mines de fer »), a récemment relancé la recherche sur l’exploitation antique du fer dans les Pyrénées centrales (01) et (02).

Technique d’investigation

Plusieurs campagnes de prospection des hautes vallées de l’Arros mirent en évidence les traces d’exploitation du fer dans ce secteur, où les recherches des géologues signalaient la présence de minéralisations. La prospection révéla des vestiges d’extraction à ciel ouvert, minières (03) ou tranchées, et des départs de galerie dans l’éperon calcaire de Sarramer.

À ces vestiges d’exploitation minière s’associaient des crassiers de scories, restes d’ateliers métallurgiques où le minerai était transformé en métal dans des bas-fourneaux et où étaient abandonnés sur place les rebuts de l’opération, les scories (04). Ces crassiers se présentent sous la forme de tas de quelques dizaines à quelques centaines de mètres carrés pour quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres d’épaisseur (05).




Aire de grillage
06








 

 
















*Cliquez sur les images pour les agrandir


Répartition des exploitations
La répartition de ces ateliers montre que les métallurgistes s’installaient de préférence en fond de vallée, au bord de l’eau, dans des endroits moins pentus, où ils transportaient le minerai extrait près des crêtes calcaires. Quelques ateliers, plus rares, sont installés dans les cols, à proximité immédiate des lieux d’extraction.

Trois aires de grillage du minerai furent également découvertes, dont une de structure en pierre, circulaire, aisément repérable à quelques mètres seulement des minières (06).

La datation

La cartographie à elle seule, si elle permet de déceler une organisation rationnelle du travail avec des ateliers métallurgiques de vallée et des minières ou galeries d’altitude, n’offre pas de repère chronologique. Pour dater ces exploitations, il fallut sonder les crassiers, seuls susceptibles d’offrir, sous la forme d’objets archéologiques ou d’analyses de la radioactivité rémanente des charbons de bois, des indices chronologiques.
Sur les 48 crassiers découverts, 10 furent choisis pour ces opérations de fouille, répartis sur les différentes vallées et sur les crêtes pour offrir une image globale et dater, en même temps que l’atelier, certaines des structures d’extraction qui les jouxtaient.
Sur les 10 ateliers fouillés, 9 appartiennent à l’Antiquité (Ier-Ve siècles) et un seul n’a fourni aucun indice de datation. Seule s’est révélée d’époque contemporaine l’aire de grillage en pierre, où fut vraisemblablement préparé du minerai récupéré sur des haldes plus anciennes toutes proches.
Si l’exploitation du fer dans les hautes Baronnies est donc multiséculaire (il existe des textes médiévaux et modernes relatifs à ces activités et les forges de Rebouc, près de Hèches, dans la vallée de la Neste, fonctionnaient encore au début du XXe siècle), l’existence d’une phase antique importante est désormais clairement attestée.

Mutations économiques et mutations culturelles

La découverte d’un petit sanctuaire d’altitude, à proximité immédiate d’un atelier et d’importantes structures d’extraction, a apporté de fructueux enseignements. Le sanctuaire, daté par les vestiges découverts des IIe-Ve siècles de notre ère, contenait quelques éléments de métallurgie (gouttes de fer, petites scories) et plusieurs autels votifs, dont un portait le nom de la divinité Ageio . Divinité indigène locale, connue par 6 autres inscriptions dont celle des pagani ferrarienses, Ageio fut d’abord sans doute le dieu protecteur de la petite communauté pré-romaine installée dans les vallées des Baronnies. Avec la présence romaine, cette communauté devint un pagus, petite circonscription administrative de la civitas, la cité, ici Lugdunum des Convènes. À la même période se développa ou s’intensifia, sans doute sous l’impulsion romaine, la métallurgie du fer. Dieu primitif de la petite communauté, Ageio se transforma avec elle et devint le dieu protecteur du pagus, qui avait pris le nom de ferrariensis, et celui de l’activité métallurgique, à laquelle la population locale était étroitement associée comme en témoigne le sanctuaire d’altitude.


Université Toulouse-le-Mirail "Pyrénées antiques"
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