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L’élevage, et notamment l'élevage transhumant, a toujours été une ressource essentielle de la montagne, puisque cette pratique est attestée dès le Néolithique. Par définition, ce type d’activité laisse peu de traces et ce n’est qu’indirectement qu’il est possible de reconstituer quelques traits de l’élevage antique dans le bassin de la Garonne. L’archéozoologie La source essentielle, à l’heure actuelle, est constituée par la découverte, sous la halle du marché antique de Lugdunum, la capitale des Convènes, d’une masse énorme d’ossements animaux, pris dans une couche noire de matières décomposées. Grâce à l’archéozoologie, étude minutieuse des restes animaux, qui comprend l'identification de l’os et de l’espèce, l'analyse des dimensions et des éventuelles déformations, l'observation des traces de découpe, se dessinent quelques perspectives sur les caractéristiques des pratiques pastorales antiques. Plus de 250 kg d’ossements (près de 22000 unités) furent collectés sur quelques mètres carrés de sondage (01), dans une couche dont le mobilier archéologique montre qu’elle s’était progressivement constituée, entre les années 40 avant notre ère et les années 15 de notre ère. Une analyse détaillée de ces pièces a été effectuée à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse, dans le cadre de plusieurs thèses dirigées par le Professeur Lignereux. Les identifications mettent en évidence l’écrasante proportion des bovins parmi les restes (plus de 85 % de la masse découverte) et la sur-représentation des côtes parmi l’ensemble des ossements de bovins. Ce résultat
oriente les hypothèses vers une activité spécialisée,
ce que confirme l’observation des découpes. Elles témoignent
en effet d’un travail habile et quasiment standardisé de
débitage secondaire de boucherie. Sur la place du marché,
où n’était pas encore édifié le macellum,
bâtiment à vocation commerciale édifié dans
les années 15-30, étaient donc découpées
et décharnées les carcasses de bovins, dont la viande
était ensuite préparée pour la vente au consommateur
(02). |
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Entre les vestiges les plus anciens et les
plus récents, le gabarit des animaux paraît avoir légèrement
progressé (de 108-114 cm à 120-121 cm). Ce phénomène,
s’il se confirmait à plus grande échelle, pourrait
indiquer une pratique d’amélioration de la race par le croisement,
à époque romaine, d’espèces amenées
d’Italie avec des espèces locales, mieux adaptées
à la montagne et donc plus résistantes et plus trapues (03).
Ces quelques observations et hypothèses montrent
l’importance prise par les bovins dans l’élevage
montagnard et le soin apporté à cette branche de l’activité
agricole, une importance et un soin qui s’expliquent par l’apparition
et le développement du marché que constituait la capitale
Lugdunum, au débouché des vallées montagnardes.
Un seul bovin, en effet, apportait trois à cinq fois plus de
viande qu’un porcin, un ovin ou un caprin. La nécessité
de nourrir une population nombreuse et concentrée en un même
lieu entraînait des choix alimentaires que dictait la logistique
d’approvisionnement. Les recherches récentes et novatrices de P. Borgard ont montré que ces amphores très particulières (04), fabriquées aux îles Lipari riches en carrières d’alun, étaient exclusivement consacrées au transport d’alun, sulfate de potassium et d’aluminium largement utilisé pour les teintures et la mégisserie. Il est probable que cet important lot d’amphores découvert dans les fouilles de Saint-Bertrand-de-Comminges ait alimenté un artisanat de ce type, qui supposait un cheptel ovin fournisseur de laine ou de peaux.
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